Récit n°4 – Comment le réseau m’a aidée à trouver mon nouveau job

Lucie est responsable commerciale dans une entreprise spécialisée dans les sujets de mobilité (conseil, solutions digitales). Après de multiples réorganisations et une profonde perte de sens, elle décide de partir à la recherche de son futur poste.

Et pour cela, elle conduit une démarche réseau qui l’aide à préciser son projet professionnel et à trouver un poste ! C’est ce dont elle nous parle dans cet article.

A l’origine, une perte de sens


Un nouveau poste et de nouveaux challenges intéressants sur le papier 

Je reviens de mon congé maternité en mai 2019. Responsable commerciale pour l’ensemble des entités de la BU, je suis désormais intégrée à l’entité Data suite à une réorganisation. Cela correspond à mon souhait exprimé avant mon départ.

J’ai la même fonction mais je fais face à plusieurs changements.

J’ai un nouveau manager, j’intègre une nouvelle équipe, et je suis en congé parental à temps partiel pour une durée de 6 mois. Le COVID est encore d’actualité et je suis donc majoritairement en télétravail. Forcément, cela créé une certaine distance qui me convient toutefois.

Outre le développement commercial, mon périmètre intègre la structuration de l’offre de service de l’entité Data qui évolue. En effet, il a été décidé de ne plus vendre d’études sur mesure mais de proposer une solution digitale unique, à paramétrer selon les besoins des clients. Je dois contribuer à structurer cette offre autour de cette solution encore en cours de développement, avec deux autres collègues. 

Et pourtant, une immense perte de sens 

Ma fonction est nouvelle au sein de cette entité, et mon manager peine à me fixer des objectifs sur le développement commercial. Néanmoins, je connais mon métier, et j’ai une feuille de route relativement claire dans ma tête.

C’est sur la structuration de l’offre de service que je rencontre des difficultés. Je ne suis pas alignée avec la ligne stratégique retenue : la solution est encore en cours de développement, nous n’avons de modèle économique clair et tous les efforts sont mis sur le “marketing” !
Pourquoi axer autant les efforts sur la forme alors que nous ne sommes pas au clair sur le fond ?

Je peine d’autant plus que je suis le relais terrain. Je rencontre les prospects, je recueille leurs besoins, leurs questionnements vis-à-vis de cette solution non finalisée, sur sa valeur ajoutée réelle.
J’alerte sur ces points et sur le décalage que je perçois entre le niveau de maturité des clients sur les solutions data et le calendrier de déploiement de notre solution plutôt innovante.  

Mais je ne me sens pas écoutée, ni par mes collègues, ni par ma hiérarchie. Je suis supposée contribuer aux décisions, mais certaines sont déjà prises, sans que je sois consultée, et sans qu’on écoute mes retours clients. Les échanges que j’ai avec mon N+1 à ce sujet ne donnent jamais rien, et il persiste à s’inscrire dans cette stratégie, tout comme mes deux collègues.

A vrai dire, je suis assez déçue car je trouvais l’exercice de structuration de l’offre de service intéressant et la solution innovante. Mais je me retrouve à devoir « vendre » aux prospects une solution dans laquelle je crois de moins en moins, et que je trouve, si je suis honnête, peu adaptée aux besoins réels. Cela me met mal à l’aise, je perds le sens de ce que je fais.  

Cette situation devient d’autant plus compliquée lorsque je reviens à 100%, et que ma présence au bureau est plus importante. En fait, cela devient impossible. Je ne perçois plus mon utilité dans ce système et je n’ai plus envie d’aller au bureau. J’ai le sentiment de subir tout ce qui se passe. C’est une période douloureuse.  

Une énième réorganisation a lieu, et je suis intégrée à une nouvelle BU. J’essaie d’en faire une opportunité, mais je n’y trouve pas mon compte. Mais, ce n’est pas grave car j’ai déjà pris la décision de partir !

Une démarche réseau diversifiée, simple et efficace


Avant d’entamer ces démarches, j’actualise mon CV.  
Je travaille dans le secteur du transport et ma première partie de carrière s’est déroulé au sein de bureaux d’études/conseil. Je me dis qu’une des suites logiques de mon parcours serait de rejoindre un opérateur de transport, c’est-à-dire un des clients pour lesquels j’ai travaillé ces 13 dernières années.

Cette première piste oriente le démarrage de ma démarche réseau.

D’abord, une mobilisation du réseau interne

L’entité conseil/études dans laquelle je suis appartient à une maison mère qui est opératrice de transport. Ma première démarche est donc de mobiliser mon réseau au sein de cette dernière, qui a, par ailleurs, bonne réputation en matière d’environnement de travail.  

Je contacte une directrice que je connais, car j’ai régulièrement des réunions avec elle. Elle a une bonne vision du travail que je fais.

Je lui partage mes questionnements sur mon avenir dans cette nouvelle BU, dont elle connaît le contexte.
Je n’ai pas de poste précis en tête, ou d’activités sur lesquelles me positionner
car je ne connais pas suffisamment bien les missions de sa direction. Je lui dis simplement ce que je sais faire, et je lui demande si un profil comme le mien peut l’intéresser.

Ma demande est bien reçue, mais elle n’a pas de besoin à ce moment-là. Elle transmet toutefois mon CV à une autre direction(qui a fini par me contacter, mais j’étais déjà partie).  

Ce que m’a apporté la démarche réseau à cette étape-là

Au cours de notre échange, elle me demande si j’ai envie de travailler sur les appels d’offres de transport lancés par les clients publics et auxquels répondent les opérateurs de transport.
C’est une activité que j’ai déjà faite, côté conseil/études.
Et je me dis, pourquoi pas revenir sur ce type d’activités, côté opérateur. 

Puis, le réseau pour faciliter la prise de décision

C’est pour cela que je réponds à une offre de cheffe de projet appel d’offres chez un autre opérateur de transport. Je suis rappelée et entre dans le processus de recrutement.

Je mobilise alors mon réseau pour obtenir des informations sur le poste et le cadre de travail. En effet, je ne veux pas partir pour rejoindre un environnement tout aussi peu épanouissant.
Ainsi, je contacte un ancien collègue qui a été dans cette boîte, même si je ne lui ai pas parlé depuis 10 ans ! Il m’explique qu’il y a un plan économique et que l’ambiance n’est pas au top. Il me dit également qu’il y a beaucoup de travail, et me met en relation avec une collègue qui a occupé un poste similaire. Cette dernière m’alerte aussi sur la charge de travail.  Cela me questionne en raison de ma nouvelle vie de famille.  

Ce que m’a apporté la démarche réseau à cette étape-là

Après un dernier entretien avec le DG de la branche qui me laisse perplexe, et forte de toutes ces informations, je décide de ne pas donner suite même si le poste en tant que tel me semble être une super opportunité.
Effectivement, je n’ai pas envie, à ce stade de ma vie familiale, de fournir la charge de travail demandée.
Aussi, cela m’aide à m’avouer un point : il y a une limite de charge de travail que je ne veux pas franchir. 

Enfin, le réseau pour générer des opportunités  

Dans ma démarche réseau, j’identifie d’anciens collègues, qui travaillent dans des entités ou des directions qui m’intéressent. Il s’agit des opérateurs de transport, mais aussi des cabinets études/conseil (mon domaine actuel).
Je ne les contacte pas tous en même temps, mais progressivement.
Cette démarche me conduit à avoir trois opportunités, qui apparaissent dans un calendrier assez serré.  

Opportunité n°1

L’un de mes anciens collègues travaille pour un cabinet études/conseil. Je lui expose ma situation et les sujets sur lesquels j’ai travaillé jusqu’à maintenant. Je lui demande si son cabinet travaille sur des sujets similaires et peut être intéressé par mon profil.A l’issue de notre échange, il me demande de lui écrire un mail (avec mon CV), qu’il envoie à 2/3 collègues.

A la suite de cela, deux personnes me contactent pour des postes. Le second m’intéresse tout particulièrement. Je rencontre ma possible future N+1.
Il s’agit d’un poste sur des sujets de smart innovation / mobility. Il comprend une partie de développement commercial sur les produits développés par le cabinet, mais aussi une partie qui requiert des compétences techniques que je n’ai pas. Je suis très intéressée et prête à m’investir pour développer les compétences techniques nécessaires.  
Par ailleurs, je suis mise en relation par un ami avec un salarié de ce cabinet, qui me confirme le bon environnement de travail que j’ai perçu lors de mes différents échanges / entretiens.  

Ce que m’a apporté la démarche réseau à cette étape-là

Outre le fait d’avoir pu accéder directement à un process de recrutement, ces échanges confirment plusieurs points de mon projet professionnel.
J’ai envie de rejoindre un environnement de travail qui me permet :
1/ De contribuer au développement commercial d’une entité
2/ D’exercer des responsabilités, tout en préservant mon équilibre de vie
3/ Une charge de travail normale, avec quelques pics d’activités
4/ Dans un environnement/secteur que je connais bien, et qui limitera l’effort à consentir pour monter en puissance sur le poste. 

Opportunité n°2

Je suis toujours en contact avec une ancienne collègue du premier bureau études/conseil pour lequel j’ai travaillé. Elle travaille dans le lab digital/data du groupe. Elle me met en relation avec le directeur de ce lab, qui doit partir peu de temps après.  

Je déjeune avec lui. Malgré son départ imminent, il me fait part de la vision de développement qu’il a pour ce lab, à savoir se structurer pour proposer en interne les services du lab (à destination des BU en France et à l’international). Il cherche donc un responsable commercial interne. Cela m’intéresse.  

Après le départ du directeur, je suis contactée pour rencontrer le nouveau responsable et deux autres personnes de l’équipe. Tout se passe bien, mon profil les intéresse. Cependant, ils décident finalement de ne pas créer ce poste à court terme, et m’indiquent une création plutôt à 6/8 mois. Ce qui ne correspond pas à mon délai.

Opportunité n°3

Quelques temps avant tout cela, j’ai échangé avec une RH de cette même première entreprise, et que je connais bien. Je lui ai donné mon CV en lui expliquant ma situation et ce que je recherchais dans les grandes lignes.  

Et puis 2 ou 3 mois plus tard, je suis contactée par le directeur d’une BU, nouvellement arrivé. Il cherche à construire une cellule “offre et développement”. Cette BU se structure en 3 directions qui portent chacune des activités. A ce jour, les réponses aux appels d’offre et le développement commercial sont gérés directement par les directions régionales et les process ne sont pas homogènes.
L’objectif de cette cellule est donc d’apporter de la méthodologie et plus d’homogénéité dans les pratiques, en soutien aux directions.  

Mon futur chef a vu mon CV et veut que nous nous rencontrions. Au cours de cet échange, nous parlons des contours du poste et du contexte dans lequel il est créé (une BU en difficulté). Il me demande d’étudier cette fiche de poste et de lui faire un retour par mail, ce que je fais.  

Ce poste constitue une évolution intéressante. J’apprécie sa franchise, et je perçois qu’il me peut soutenir dans ce poste. J’ai un bon feeling. De plus, les échanges que j’ai avec un ancien collègue qui travaille dans cette BU me rassurent, même s’il est arrivé récemment.  

J’obtiens finalement le poste que j’occupe aujourd’hui.  

Conseils à celles et ceux qui ont envie de changement professionnel


Conseil n°1 – Ne pas hésiter à dire stop et à se mettre en action

N’hésitez pas à quitter ce poste dans lequel vous n’êtes plus bien ! Cela joue sur le moral. On perd confiance en soi. Pour ma part, j’avais beaucoup perdu confiance en moi. Je ne me sentais plus du tout utile, je ne comprenais plus ce que je faisais là. J’étais stressée, je ne dormais pas bien.  

Pourtant, mon travail était confortable : je gagnais bien ma vie, j’étais en télétravail autant de temps que je le voulais, personne n’allait me chercher sur mes horaires. Je me suis demandé si c’était le bon timing, mais j’étais en souffrance : le matin, je ne voulais plus aller au travail.   

J’ai donc décidé de me mettre en action. C’est important de ne pas rester dans son confort apparent.  

Conseil n°2 – Contacter des personnes que l’on connaît, ou auprès de qui on est recommandé

J’essaie, dans la mesure du possible, d’entretenir mon réseau. Dans ma démarche, j’ai contacté des personnes avec lesquelles j’avais maintenu quelques liens.
J’ai aussi contacté d’anciens collègues que j’avais un peu perdu de vue, mais avec qui j’avais toujours eu de bonnes relations professionnelles. Je pense que c’est un élément important : le réseau ne marche que si nous avons laissé une bonne impression à celles et ceux que nous contactons !  

J’ai aussi discuté avec des personnes que je ne connaissais pas mais qui ont accepté un échange parce que je venais « de la part de ».

Conseil n°3 – Avoir la bonne posture : se renseigner et non demander

D’une manière générale, le réseau, c’est très utile pour demander de l’aide, un conseil, des informations, une mise en relation (et réciproquement). Par exemple, je sais que mon chef actuel s’est renseigné sur moi avant de m’embaucher !
Mes demandes d’échanges ont toujours été bien reçues. En revanche, ma demande n’était pas “tiens, passe mon CV”.
C’était “je me pose des questions /j’ai vu qu’il y avait telle offre dans cette boite ou telle activité. J’ai vu que tu y as travaillé ou que tu y travailles, est-ce qu’on peut échanger pour que tu me donnes ton avis ?” ou alors “j’ai vu que vous développiez tel sujet, est-ce que tu penses que mon profil pourrait être utile pour cela ?”.  
J’étais vraiment dans une démarche sincère de prise de renseignements. J’ai toujours été en posture d’échanges, je venais avec des questions, jamais avec une demande de poste !  

Enfin, cette démarche a aussi contribué à définir ce que je cherchais, ce que je pouvais apporter, ce que je savais faire ou non (sans mentir). De fait, mon discours s’est affiné au fur et à mesure des rencontres. Et nécessairement, plus le discours est clair, plus tu es écouté(e) !  

Last Updated on 9 février 2023 by Daphnée DI PIRRO